Fenster

Le comte de Keyserling aimait la musique. Il aimait Jean-Sébastien Bach, il était insomniaque.

Il commanda une œuvre à Bach. Celui-ci composa 30 variations pour clavier qu’il confia à un de ses élèves les plus doués : Goldberg.

Goldberg dit-on, les jouait au comte afin d’apaiser ses nuits sans sommeil.

Notre proposition est née de cette légende.

Notre projet est né de la rencontre d’un trio à cordes et d’une actrice et du désir de mêler la musique et les mots.

Notre projet est nocturne. Il ouvre des fenêtres. Il quête l’écoute et la confidence. Il glane des histoires.

Il écrit les variations de perception des Variations, quand il s’agit de la nuit, de l’insomnie.

À l’origine de cette aventure, il y a eu une intuition très forte, un postulat : redonner vie aux trois voix des Variations Goldberg, telles que Bach les avait principalement écrites par une interprétation en trio à cordes. Les sonorités riches, âpres et ciselées de nos instruments d’époque au service d’une liberté d’interprétation afin de peut-être faciliter, magnifier l’accès vers ces variations pour lesquelles Bach s’est bien gardé de nous indiquer tout mouvement, tout au plus une écriture qui nous guide

Un trio à cordes et une actrice, donc…

Comment trouver les mots qui pourraient se glisser dans, autour, avec les notes de Bach ?

Parce que cette légende nous inspirait le rituel, la récurrence, à la manière de Shéhérazade, nous avons imaginé que les variations seraient entrecoupées de contes minuscules et contemporains. Des histoires de nuit, d’insomnie, de gens d’aujourd’hui qui viendraient caresser l’universalité des Variations Goldberg, leur incroyable modernité, leur géométrie parfaite, envoûtante et galvanisante, quelque chose du passage du jour à la nuit et inversement.

Nous avons mis en place un protocole afin de récolter de nombreux témoignages et à partir de cette matière, Sandy Ouvrier a écrit le texte.

Nous aimons l’idée que ce projet soit comme un voyage, que la démarche qui est la nôtre, notre recherche, soit constitutive du spectacle même, qu’elle se donne à voir et à entendre et qu’elle soit un révélateur pour partager, à notre façon, avec fougue, cette œuvre majeure que sont les Variations Goldberg. Nous aimons mutualiser nos démarches artistiques : musicaliser les mots, le rythme et permettre aux musiciens de développer un autre rapport au public car ils seront, dans Fenster, des protagonistes du plateau à part entière.